WENTUS BLUES BAND: Too Much Mustard (2019)

En Finlande, des fans de blues ont monté ce groupe en 1986 et se sont rapidement taillé une solide réputation dans leur pays. En 1987, ils ouvrent pour Duke Robillard et une relation amicale est née entre les musiciens finlandais et le guitariste américain. Trente trois ans plus tard, ils collaborent ensemble à cet album. Un rêve devenu réalité pour les types du Wentus Blues Band. Duke Robillard parsème cette réalisation de quelques phrasés de guitare inspirés. Il a aussi peint la pochette du disque. Même le titre vient d’une anecdote vécue par Duke. Un jour, Tom Waits l’invite à participer à une session avec lui. Tout au long de la séance, Tom demande à Duke de mettre plus de distorsion. Á tel point que le guitariste trouve le son infâme et se met à râler et à faire la grimace tout en jouant. Tom Waits s’approche de lui et lui glisse à l’oreille : « Qu’est-ce qui se passe ? Il y a trop de moutarde ? ». Certains titres se laissent gentiment écouter. Le rock se pointe sur « She’s a killer hot blonde » avec des plans à la Chuck Berry. Le boogie instrumental « Too much mustard » est soutenu par de bonnes guitares. La chanson soul « Where have all the songbirds gone » est pleine d’émotion. On peut aussi mentionner le blues lent « Right in your arms », le rhythm’n’blues swinguant « You got my love », la reprise de « I hear you knockin’ » sur un rythme légèrement texan et la belle ballade bluesy « Selma ». Malheureusement, il manque quelque chose. Avec la participation de Duke Robillard, on était en droit de s’attendre à beaucoup mieux. Comme je l’ai écrit plus haut, tout ça se laisse gentiment écouter. Et ça s’arrête là ! Le Wentus Blues Band se débrouille bien… comme le million de groupes estampillés « blues band » dans le monde entier. Et la caution de Duke Robillard ne sauve pas ce disque d’une certaine banalité. Comme l’amour, l’amitié rendrait-elle aveugle ?

Olivier Aubry